Pick-up, 7up et psycho-pop

 

 

Une édition de Clair sur l’identité, c’est inspirant. Mais déstabilisant aussi. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis une fille de doute. Et en pleine turbulence identitaire, ce n’est pas les questions qui manquent. Je les traine dans ma boite de pick-up de location jusqu’à Québec. Un truck rempli d'introspections qui habitent l’espace, qui partagent la boite avec la beauté de ce que j’ai entendu et de ce que j’ai vu pendant 2 jours.

 

En conduisant, je me dis que ce qui est fabuleux à Clair, c’est la grande qualité des personnes, des conférenciers et des échanges. Du haut niveau. J’ai admiré ouvertement ou secrètement chaque personne avec qui j’ai parlée, chaque personne que j’ai écoutée. Je suis fan de tant de pédagogues depuis si longtemps. Audrey Miller serait fière de moi! De beaux humains qui contribuent à faire évoluer mes pratiques en classe, qui tracent la route, qui me font découvrir d’autres chemins ou qui covoiturent avec moi dans mes projets parfois un peu hors des sentiers battus.

 

Sur le chemin du retour, entre Clair et Pohénégamook, j’admire le givre sur les branches. Ça les fait scintiller. Mais ça les rend plus fragiles aussi. Je réfléchis à ma propre identité. Je ne me mentirai pas en partant. Je pense me connaitre comme enseignante. Et je pense aussi que vous me connaissez comme enseignante. J’ai énormément cheminé dans ce développement professionnel depuis 9 ans. Surtout grâce à Clair. Mais comme personne, j’ai des doutes. C’est le prix à payer quand la profession nous définit beaucoup. Beaucoup trop. J’ai souvent pensé que l’on naît enseignant. Que c’est dans nos cellules. Je descends la pente. Je serre le volant plus fort.

 

Parfois, je me retourne vers mes amies à côté, dans l'auto. Chacune plus forte que le gros camion. J'ai une gratitude infinie pour cette tribu. Une admiration sans borne aussi. Ma tribu, c’est ma ceinture de sécurité.  Et je regarde à nouveau les arbres qui penchent vers le sol sous le poid du verglas.

 

J’emprunte un chemin de contournement. Recalcul de l'itinéraire en cour. Myra dort à côté de moi. Belle. Satisfaite. Julie et Mylène jasent comme des soeurs à l'arrière. Reste à me concentrer sur la route. J’essaie d’avoir l’esprit léger. Mais c’est lourd une boite de Toundra 2019 remplie de syndrome de l’imposteur.

 

Et si je décevais tout le monde? Et si même dans mes textes, je les décevais? Le doute, c’est pas cute. C’est pas lumineux ça.  On est loin du billet sur le feu de chaque jour d’il y a trois ans ou de la lettre à ma fille. Et puis, j'écris pour qui? Pour moi d’abord? Même ça j’en doute aussi. Tous les enseignants que j’ai rencontrés ont besoin de valorisation et d’appartenance pour évoluer dans leur identité professionnelle.

 

“Je ne te pensais pas de même!”. Je l'entends par anticipation.  Mais je suis comment moi? Est-ce que quelqu'un peut m’éclairer. La fille au verre d'eau dans le Déjeuner des canotiers de Renoir. Celle qui observe les autres? La fille dont on oublie le prénom tellement de fois?  Celle qui ne parle pas assez fort? Ou qui trouve ce qu’elle va répliquer le lendemain, quand le débat est terminé? Celle qui pétille par les projets de sa classe? Celle qui n’ose pas commencé son foutu projet personnel parce qu’elle a peur d’échouer? Celle qui a des rêves si gigantesques pour l’école qu’ils ne rentrent pas dans la boite du pick-up?

 

Et mes passions personnelles...  Rien de plus silencieux qu’une photo? Rien de plus banal qu’un texte? Ça dépend. Des mots, ça peut faire beaucoup bruit. Mon crayon, c’est mon épée. Comme Jeanne D’Arc avait son épée. Et son désir de créer un mouvement, un changement.

 

Et si je n’étais bonne que dans une classe? Je viens de perdre l'orientation du chemin. Où est la prochaine sortie? J’ai chaud. J’aurais le goût d’ouvrir les fenêtres. Mais je ne veux pas déranger. Je ne veux jamais déranger. Je suis pris dans mon manteau. Myra tire sur une manche. Je me contorsionne sans grâce pour enlever l'autre toute seule. Voyons! Applique ta mentalité de croissance fille! Ressaisis-toi. Pense à Marie-Andrée Ouimet . Vas-y! T’es plus forte que tu le penses.

 

Je vois des gyrophares au loin. Un accident. J'immobilise le véhicule. Je m'immobilise. Enfin. J'espère que ce n’est rien de grave. Stéphanie Dionne nous écrit. Elle est dans la voiture à l’arrière. Elle sort avec son sourire grand et bienveillant comme la mer, comme une mère. Une bouteille de bulle cette femme! Je vais encore avoir une image qui va “poper”! Une image en superposition. Et moi, si je ne suis pas du champagne, je suis quoi? Non pas ça. Pas un 7up dégazé! C’est mon subconscient qui veut me tester.  Je l’ai pas vu venir, c'était dans mon angle mort. Je respire en fermant les yeux. Une autre image please! Non, pas un vin de dépanneur. Non, non, t’es un gin québécois fille. Celui fait avec des fleurs sauvages. C’est de la douceur qu’est née ta force. Ok, je visualise. Ça va mieux.

 

On reprend la route doucement. Avec prudence. Je me regarde dans le miroir. Maudit que je suis cernée. On va pas à Clair pour dormir. On va a Clair pour réfléchir, apprendre, s’émouvoir, réseauter.  Et manger des bonbons. On y va pour évoluer. 3920 km (280 km x 14 aller-retour depuis 7 ans à Clair). Ça en fait du chemin pour penser. Assez pour ajouter des points d’expérience ça Simon et Julie?

 

Pendant que j’essaie de faire des calculs mathématiques, je vois quelque chose au loin.  Je ralentie. Devant moi, je vois cette petite bête sauvage. Rousse. Elle traverse la rue en courant comme un enfant dans un parc un jour de vacance. Elle est libre.  Je suis émerveillée. Je vis de l’étonnement pur. Je jubile  comme une petite fille. Je me suis décentrée de moi. Un renard. Il est si beau! Si rare! J’y vois un signe là où d’autres ne voient que la présence de gibier dans le coin... Je suis tout sauf rationnelle.

 

Et si j’étais comme ce renard? Un leader a le droit d’être discret, à l'affût. Curieux. Parfois silencieux, mais centré sur l’autre. Amoureux d’art et de beauté de la nature (Un énorme merci  Chantal Larivière et Julie Mclean pour votre amour contagieux de la classe extérieure). Créateur. Libre. En mission sociale. Et je crois qu’il a le droit d’être vulnérable aussi dans cette belle et grande forêt où l'on peut facilement perdre son identité, sa nature propre. Je ne suis pas de ses leaders dans le moule. Je fais encore les choses différemment. Pas mieux, mais différemment. Ça demande plus d'adaptation, d’apprivoisement, de tolérance à  l'ambiguïté. Et de se remettre en question. On l'a répété, il faut se montrer curieux et courageux pour vivre des changements. On est rusé ou on ne l’est pas! Chaque accomplissement est le début du chemin vers le suivant.

 

Et surtout, on n'enseigne pas en dehors de nous-même. L'enseignante que je suis devenue, c’est beaucoup grâce à la personne que je suis. Façonner par les beaux humains que je rencontre. On est jamais seule quand on est soi-même. T’as bien raison ma belle amie. Je suis moi.

 

Enseignante

Élève

Humain

Apprentie

Sauvage

Fleurs

Artiste

Enfant

Mère

Branche verglacée

Renard

 

Le pick-up, le 7 up. Rien de ça ne me représente. Ce sera seulement ceux qui auront lu jusqu’à la fin qui comprendront mieux qui je suis. Ceux qui seront allés au-delà. Ceux qui auront pris le temps. Pour ce temps et cette importance que vous m’avez accordé, je vous dis merci. Je vous offre un verre de mon gin aux fleurs sauvages à Clair 2020. Santé à la personne que vous êtes!

 

Catherine (oublie pas mon nom:)

 

PS: Moi, je ne t'oublie pas Clair. Les bénévoles, les élèves, les enseignants, la communauté tissée serrée et Roberto qui prend le temps de saluer son monde, comme chaque fois,  à la fin. Touchant. Rassurant.  Clair, tu restes ma maison pédagogique. Merci pour tout!

 

 

Créer de l'aube au crépuscule... à l'infini !

 

 

Ce matin-là, je me suis réveillée plus tôt qu’à l’habitude. L'excitation probablement. De penser que j’allais réfléchir et créer toute la journée, ça m’a donné le goût de me lever plus vite. Je me faisais peut-être trop d’attentes... Pas tout à fait. Dans la voiture, ma collègue Mylène me dit qu’elle s’était réveillée à l’aube aussi. On choisit des amis crinqués qui nous ressemblent ou pas!

 

Nous allions vivre notre premier CréaCamp. Et il a commencé dans la voiture. En chemin pour Notre-Dame-de-Lourdes, on réfléchissait déjà sur l’éducation. Des souhaits, des questions, des rêves, des inquiétudes, des folies, des projets. Un espace sans murs pour échanger. Juste des champs pour border nos discussions.

 

Et la journée a filée sous la même énergie, mais avec encore plus personnes inspirantes autour.  Nous avons eu la chance de choisir un facilitateur pour approfondir un sujet. L'évaluation, c'était un besoin pour faire progresser mes élèves. C’était vraisemblablement le besoin de plusieurs, car la salle était remplie.

 

Et là, BOUM! BANG! Ajoutez l’onomatopé de votre choix. Des confettis, des flûtes ou du champagne. Catherine Michaud vient de réapparaître dans ta vie pédagogique pour faire une différence.

 

J’ai tellement appris grâce à elle. Appris l’évaluation bienveillante. Par ricochet, elle fera une différence dans la vie de mes élèves.

 

Alors, ce matin-là, quand je me suis levée, je ne savais à quel point cette journée allait me porter.  Me porter pour progresser et faire progresser. Et jusqu’au soir… Non, jusqu’à l’infinité. Puisque enseigner (pour paraphraser Jacques Cool), c’est se mettre en état de beta perpétuel ß∞ . Alors, ce soir-là je me suis couchée plus tôt qu’à l’habitude. Pour rêver à un demain meilleur. Et le vivre avec mes élèves. Et espérer une évaluation bienveillante pour plus d’élèves encore tant qu’à faire. À l’infini.

 

 

 

 

* Merci aux fondateurs des CréaCamps: Maxime Pelchat, Audrey Miller, Pierre-Olivier Cloutier, Sarah Shallow-Tardif. Vous avez partagé une formule gagnante pour la formation continue. 

 

La guerre des crayons

Tu as crié que ne tu voulais pas écrire. Tu as marché la classe comme dans une prison. Tu cherchais à t’échapper. Je suis restée calme. En tout cas, de l’extérieur rien ne paraissait. “Cool as a cucumber” que je me répétais en imaginant Égide Royer habillé en coach de yoga, les deux doigts en forme de peace. J’ai presque senti l’encens et entendu les bols tibétains. Mais tu m’as ramené en hurlant: “Chicane-moi!!! Allez! Chicane-moi là!!!”. J’ai simplement dit que je voulais t’aider. “Je ne veux pas d’aide!!” Mais ça sonnait faux. Comme quand on répond machinalement  “oui” à quelqu’un qui demande “ça va?” quand on va tout croche.

 

Je t’ai laissé le temps. Le temps de circuler à travers la classe. Les petits auteurs à l’ouvrage, la langue sortie ou les yeux au plafond. J’aime ces moments.  Chacun pensait son texte. J’aidais parfois à trouver une idée et j’envoyais quelques encouragements juste pour rassurer. “Étire le mot, fais-toi confiance. Oui, c’est ça! Je le savais que tu y arriverais.” "Oh! Tu as mis le mot SUCCULENT en majuscules. C'est une amplification bien utilisée. Bravo!" Parce qu’écrire, c’est entrer à l’intérieur de soi. Dans ce qu'il y a de plus intime. C’est frôler qui on est vraiment. Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à ça ou près de ça.

 

Mais toi, pendant ce temps, tu rageais. “Tu nous fais travailler pendant que toi tu t’amuses!” Ben au moins, j’ai l’air d’avoir du fun on dirait. J’ai pas juste l’air mon coco, j’ai du plaisir! Sinon, je ferais autre chose. J’y crois à mon rôle. J’ai encore des rêves pour l’école. Plein. Et pour chacun de mes élèves. Pour toi aussi. Si tu penses que je vais t'abandonner, tu te trompes.

 

“Pourquoi tu ne me chicanes pas. Envoueille, chicane-moi!” Tu me testes. Je ne sais pas si j’aurai passé le test à la fin de la période, mais je sais que j’ai des rêves pour toi. Ton crayon que t’as lancé, c’est ton arme la plus puissante. T’aime ça toi les armées, les combats. J’ai un rêve pour toi. Un moment donné, je souhaite que tu aimes écrire parce que tu vas comprendre que c’est puissant un crayon. Ça peut te sauver mon petit gars. Parce que je le sais que t’as des choses à dire. Plein. Bon, pour le moment, c’est tout à l’envers dans ta tête. T’as l’impression d’avoir rien à raconter. Je te comprends. Je me sens comme ça des fois aussi. Mais quand tu me parles, je te jure que je t'écoute. Je les écoute tes histoires fantastiques et tes trucs de jeux vidéos. Je comprends pas tout. Il faut que tu m’expliques bien des affaires. Tu deviens le prof un moment et moi l’élève. T’aimes ça je pense bien.

 

Avec ton crayon, un jour quand tu seras prêt, tu pourras faire la même affaire. Nous parler. T'auras même le droit de crier sur le papier si tu veux. Et puis je te jure que l'on va t’écouter. Ça peut être en slam, en rap, en éditorial, en brouillon, en pyjama, en français, en inuktitut, je vais te lire.

 

En attendant, j’ai planté un drapeau blanc. J’attends que tu viennes à moi. Je pensais que ça prendrait plus de temps. Le lendemain, tu m’as dit: “Quand est-ce que l’on écrit?’”. Avec un ton différent. Pas le ton “Quand est-ce que l’on écrit, j'ai pas hâte.” Plutôt, “Quand est-ce que l'on écrit, j’ai hâte de m'asseoir avec toi pour que tu m’écoutes”. Ensemble, on va l'écrire côte à côte cette histoire là. Nos crayons en forme de  croix comme deux épées après un combat. Sauf, que moi j’aurai toujours été dans ton équipe sans que tu t’en aperçoives.

 

Allez, prends ton crayon mon petit homme et taille-le. J’ai hâte de lire chaque mot, chaque phrase. Parce que je sais tout le courage du combattant que ça t’aura demandé. Prête-moi ton taille-crayon, je vais t’aider. Voilà, je te remets ton crayon-épée. Il a rapetissé pendant que toi tu as grandi à chaque mot que tu as écrit. C’est peut-être le début de la victoire. En tout cas, c’est le début de ton histoire.

Lettre à ma fille

Retour sur l'expérience de #Clair2018

 

 

Ma belle petite bouclée,
 
Tu es née à la bonne époque. Les esprits libres comme toi sont sauvés par une école en transformation positive. Tu sais, je reviens de vivre deux jours dans la grande maison des passions. Je n’étais pas dans un musée, ni dans une bibliothèque ou dans un stade de sport, encore moins dans une serre, un auditorium de spectacles ou dans une salle de presse. C’était tout ça à la fois. Un grand laboratoire humain où l’on grandit ensemble. J’ai arpenté les corridors et les classes avec le même émerveillement et la foi en l’école humaniste qu’à ma première visite en 2011. En parlant à des enfants comme toi, allumés, passionnés, une question a émergé. Une GRANDE question. Une question de GRANDS. C’est quoi le succès, la réussite?
 
Tu dois te demander pourquoi je t’écris uniquement à toi et non pas aussi à ta soeur. Depuis trois ans, tu fréquentes l’école et les réussites sont le fruit de beaucoup d’efforts pour toi. Je sais parfaitement comment tu te sens, quels sont tes réflexions et tes doutes. J’étais cette petite fille au primaire.  J’ai passé à deux cheveux d’avoir mon permis d’astronaute à force d’être dans la lune. J’avais mille projets en tête, éparpillés dans un joyeux fouillis. J’ai peu de souvenir de mon passage à la petite école, à part la fois où j’ai été la dernière choisie dans l’équipe de ballon chasseur, que ma prof de 2e m’a consolée parce qu’une fille avait dit que j’étais amoureuse de Vincent et la fois où Vincent a aimé mes Adidas blancs que j’avais redécorés de graffitis de Def Leppard. J’avais mille passions, mais aucune occasion pour les développer et montrer qui j’étais réellement. Pas juste la dernière dans le rang, la petite émotive qui pleure souvent ou qui n’a pas compris l’explication unique. Et j’ai fini par croire que je réussisais peu. C’était faux, je réussisais dans des trucs qui ne se vivaient pas à l’école. La pente de l’estime fut longue. Et je t’avoue que je dois rechausser mes bottes pour remonter des sentiers parfois encore. Certains en ont été témoins à Clair quand Simon Lavallée a sorti ses cartes de maths et a lancé le défi du calcul mental. J’ai eu chaud. Je me jugeais probablement trop sévèrement. Je ne me donnais pas droit à l’erreur. Première erreur… Pire qu’une erreur de calcul.
 
Alors c’est quoi le succès? Un jour, j’ai trouvé un sac rempli de cartons, de pots et de bebelles du bac de recyclage sous ton lit. Tu te souviens? J’ai voulu les jeter, mais tu m’as dit, l’air très sérieux: «Tu ne peux pas jeter ça maman, j’en ai besoin. C’est pour des projets. Je suis née pour faire des projets!» Ce sont tes mots. C’est comme de la musique à mes oreilles. Mon souhait le plus cher pour toi, ce n’est pas que tu performes dans tes examens. Fais de ton mieux, ma grande. Sois ouverte, curieuse, écoute autour de toi, aide tes amis, avance à ton rythme, célèbre tes améliorations, tiens-toi loin de la perfection, sois douce avec toi-même, dompte tes émotions, ne les supprime pas. Surtout, accroche-toi à tes passions, continue de rêver, d’inventer, de sortir des sentier battus même si ça dérange, de te nourrir de beauté, de vivre des expériences et de choisir ce qui te fait du bien. Tu n’es pas obligée d’être comme les autres. Tu n’es pas les autres. Et surtout, tu n’es pas une note. Tu vaux bien plus que des chiffres. Assume tes différences, ton intelligence créative et sens-toi libre de t’exprimer, de créer avec les autres et de t’amuser. Marius (lui, c’est comme le Yoda de la pédagogie, mais en plus jeune) l’a si bien dit: «le succès, c’est de trouver sa voie, atteindre le plein potentiel et contribuer au monde». Alors c'est ce que je souhaite à ta soeur et à toi.
 
Oui, tu es née à la bonne époque. Tu as déjà rencontré trois enseignantes bienveillantes dans ton parcours scolaire. Madame Danièle, Madame Nancy et Madame Émilie ont déjà contribué en te faisant vivre des expériences scolaires et humaines positives en adaptant leur enseignement à tes besoins, aux besoins des autres aussi. Sans le savoir, elles ont aussi contribué à rassurer la petite fille que j’étais. Je suis née moi aussi à la bonne époque. L’époque des changements. Du mouvement des possibles et de la communauté des bâtisseurs de projets, comme toi ma belle bouclée.
 
Maman (Amour ∞)
 

Merci de m'avoir accueillie dans la maison du monde à Clair qui permet à chaque enfant de vivre des réussites. C'est immense!  Grâce à vous tous,  j'évolue comme pédagogue et...  maman et humaine.

 

Je t'invite à lire ce roman:

Chagrin d'école de Daniel PENNAC est un essai mâtiné d'autobiographie sur le parcours psychologique d'un cancre dans le système scolaire, en plus de plusieurs réflexions et anecdotes sur le propre parcours de l'auteur qui était lui-même un très mauvais élève. Il décrit l'importance du regard du professeur sur l'élève, l'impact sur les domaines qu'un individu va développer ou au contraire abandonner. Les verbatims illustrent fréquemment les effets apparemment inoffensifs du vocabulaire utilisé par les parents, les éducateurs ; les petites phrases de sa mère qui montrent le regard porté sur son fils, notamment lorsqu'elle l'interroge sur sa capacité à réussir dans la vie, alors que Daniel est devenu un personnage important de l'éducation. Ce livre présente également le constat d'un écart entre deux mondes : celui des élèves et celui des professeurs, qui pour l'auteur est un choc entre l'ignorance et la connaissance. Il nous donne une idée de ce qu'était Pennac durant son enfance. Ce livre ne raconte pas une histoire, c'est un enchainement de souvenirs et de réflexions sur le cancre qu'il était, mais aussi sur ce qu'il est devenu, et comment il y est parvenu.

SOURCE: https://fr.wikipedia.org/wiki/Chagrin_d%27école

 

Je t'invite à regarder et à méditer ceci:

SOURCE: Zoothérapie de Catherine Lepage

 

"Il a plus de COURAGE que de talent dans la plupart des réussites." Félix Leclerc

Je t'invite à écoute ceci:

 

Un clip en cadeau

Il y a 4 ans, la tradition des clips de fin d’année est née dans ma classe. Et je peux dire que c’est grâce aux gars cette année-là. 16 gars et 8 filles! Toute l’année à voter et à finir avec le choix de la majorité: les gars! Pour moi, ça ne changeait rien, mais pour les filles de la classe, ça ne leur a pas laissé beaucoup de place et de choix. J’ai  donc voulu leur faire plaisir. Les laisser avoir complètement le contrôle l’instant d’un après-midi. Et comment faire plaisir à 8 filles? Faire un clip dans lequel elles seraient des reines! Ça tombait vraiment bien. Amylie venait de sortir la chanson « Les filles ». Festif, coloré, rassembleur. Parfait pour s’inventer un scénario! Je me suis alors rendue à l’école une journée de congé pour « emprunter » les filles seulement et jouer dans la cour avec des draps, des confettis, des suçons et un trépied. Un moment exclusif avec les filles pour rire et inventer ensemble qui a fait quelques jaloux, j’en conviens. Mais les gars n’ont pas été en reste, ils ont eu leur moment de gloire à la fin du clip. Un beau moment qui restera tatoué sur mon coeur. Ça fait déjà 4 ans de cela. Ce groupe s’apprête à quitter pour le secondaire. Ils nous aurons légué une tradition qui se révélera être l’ADN de notre classe en juin.

 

 

 

L’année d’après, c’est avec tous les élèves que nous avons créer le clip sur la chanson « Comme des enfants en cavale » de Alexandre Poulin. Un clip en noir et blanc poétique, porteur d’un message d’espoir, centré sur les rêves. À l’image de mes élèves de cette année-là. Parce que le critère numéro un du choix d’une chanson, c’est qu’elle nous ressemble et qu’elle nous rassemble. Les élèves ont participé au scénario et ont incarné des personnages. Le résultat m'avait moi-même impressionnée!

 

L’année suivante, nous avons choisi « Les colorées » de Alex Nevsky pour célébrer la diversité, l’énergie et le bonheur de faire autrement. Un clip qui s’est fait dans la simplicité. Une caméra sur un trépied et l’ordre indéfectible de s’amuser librement dans la cour d’école tout un après-midi. Pour être honnête, cette fin d’année a été plutôt difficile pour moi. Je me refaisais des forces et j’ai opté pour le scénario libre et le peu de montage. Je me suis amusée avec un peu de stop motion. J’aurais très bien pu le vivre avec toute la classe. Cela aurait été une belle expérience pédagogique. Mais j’ai fait des choix. La simplicité! Et c’est un clip magnifique finalement qui en a émergé. Un clip porteur de sens pour moi aussi.

 

L’an dernier, comme les élèves étaient très engagés dans notre projet Les petits Boulangers, nous avons trouvé la chanson parfaite pour incarner nos valeurs. « C’est combien? » de Fred Pellerin s’est imposée d’elle-même. Toute l’année nous avions parlé de générosité, de temps, de créations faits mains et qui ont un réel impact sur notre communauté. Alors nous sommes sortis de l’école et nous avons rencontré des gens sur le petit chemin dans le Campanile. Des personnes âgées pour la plupart. L’occasion parfaite pour travailler le savoir-être. Saluer, regarder dans les yeux, laisser passer, s’ajuster aux gens. Et donner. Donner du pain et répondre à la sempiternelle question « Ça coûte combien? ». Un réflexe de notre société de consommation. L’occasion parfaite aussi pour porter un regard citoyen sur le don à la communauté. Un clip chaleureux, généreux et réconfortant comme un bon pain.

 

Et cette année. Oh là là. J’ai eu du mal avant de trouver une chanson porteuse. Mais j’avais des images en tête. Inspirée par mes élèves qui avaient tant appris en collaboration, appris à bâtir avec leurs pairs (les garçons étaient fou de joie que je les laisse jouer avec des marteaux et des bouts de bois dans la classe), à résoudre des problèmes, j’ai eu l’idée d’aller de faire une cabane dans le bois. Alors la chanson est venue à moi un soir. Pourquoi ne pas reprendre une chanson de Amylie. « La hauteur » était une chanson parfaite pour incarner la co-construction, le droit à l’erreur et le plaisir! Et du plaisir nous en avons eu. Je les ai laissé se surprendre et je les ai laissé me surprendre. J’ai été émue de voir qu’ils étaient capables de s’occuper pendant 2 heures de temps dans le boisée. Savoir profiter de son environnement, celui qui est tout près de nous et que l’on exploite trop peu. C’est important. Prendre le temps de se connecter à la nature, d’observer, de ne rien faire, de s’écarter du groupe ou de se rapprocher, ça aussi c’est essentiel. Et avoir du plaisir à créer ensemble. Une dame s’est d’ailleursarrêtée pour nous dire qu’elle aurait aimé faire ça dans son temps. Et ça ne veut pas dire que tout sera parfait. J’ai dû intervenir quelques fois pour guider le travail d'équipe. Mais c’est ça l’école. Être en apprentissage dans différents cadres.  Et ce sont les expériences riches, parfois hors des sentiers battus qui sont les plus formatrices. 

 

 

Alors ce clip comme tous les précédents, je les porte dans mon coeur parce qu’ils sont l’identité de mes groupes, de ce que nous avons appris, bâti, façonné ensemble. Toutes nos valeurs communes de classe s’y trouvent. C'est riche, c'est personnel. Ça crée un fort sentiment d’appartenance. Et moi, ça m’aide à boucler la boucle sur du positif.

 

 

Et mes petits cocos repartent la dernière journée non pas avec un cadeau acheté et emballé, mais avec un symbole, comme un totem de notre année, un film de la mémoire qui tourne, pour se rappeler toujours comme c'est bon d’être ensemble et d’apprécier ce qui ne s’achète pas. 

Le plus gros bouquet de fleurs du monde

Il y a peu de mots pour décrire dans quel état d’esprit je me trouve en écrivant ces lignes. 

 

Reconnaissance. Gratitude. Merci.

 

Voilà qui résume sommairement ce prix décerné par La Capitale comme personnalité des services publics catégorie éducation. 

 

J’aurais aimé dire que l’on accepte un prix en éducation comme on reçoit des fleurs, mais c'est plus que ça. Ça vient avec une réflexion sur l’éducation. C'est dans ma nature de me questionner, d’examiner toutes les dimensions d’un événement. C’est là que vous avez le droit de penser que je suis un  être « compliqué ». Ce n’est pas faux. Ajoutez à ça que je vis les choses intensément, avec passion, le bon comme le mauvais… Hé oui….

 

Lorsque l’on m’a appelé à l’école pour m’annoncer la nouvelle, j’ai cru un instant à un canular. C'est lorsque l’on a nommé le nom d’un parent de ma classe que j’ai compris que je parlais à quelqu’un de crédible. Et c’est là que je me suis mise à pleurer. De même. Dans le corridor. Je n’ai pas porté attention au montant d’argent que je venais de gagner. Rien ne valait plus cher que cette reconnaissance qui venait d’émerger de mon milieu. Le nom de la maman résonnait encore dans ma tête. Un parent avait pris la peine de remplir une demande de candidature de plusieurs pages pour parler des valeurs de notre classe, des projets, des approches. Un parent avait réussi à cerner mes intentions pédagogiques et à détailler les critères de mise en candidature: la primauté de la personne, l’engagement, le dévouement, l’initiative et les retombées humaines. Dans cette candidature, il y avait tout ce que je suis comme enseignante, toute ce que je suis comme personne. Ça valait plus qu’un chèque. Un bouquet de fleurs immense.

 

 

 

Une reconnaissance collective ou des fleurs à partager

 

Une semaine à recevoir des félicitations sur les réseaux, par courriel, sur la cour d’école, à la garderie de mes enfants. Mes directrices, le président de la commission scolaire et même Sébastien Proulx, le ministre de l’éducation m’écrivent pour me féliciter… Et là, un petit quelque chose s’installe. Comme si j’étais un imposteur. Et si j’avais simplement attraper le bouquet de la mariée? Un doux hasard… Le doute fait partie de moi, vous l’aurez deviné.

 

J’ai eu besoin de le dire. J’ai maintenant besoin de l’écrire. Beaucoup d’enseignants mériteraient ce prix. J’apprends à assumer que celui-ci me revient. Après des années moins fleuries, je me dois de l’accepter. Pour la jeune enseignante qui a voulu quitter un jour, retourner aux études, partir en voyage ou vendre des souliers. Je ne savais plus où j’en étais. Avant de me trouver professionnellement et de faire un volte-face pédagogique, de courir dans les vents contraires, d’aller à la rencontre de la délinquance créative, de la communauté et des réels besoins des enfants. 

 

Pour moi ce prix représente une récompense collective pour l’éducation. Puisque je ne serais pas cette enseignante sans les autres, mes pairs, mes mentors, mes collègues, mes stagiaires, mes enseignants, mes amis, mes élèves, mon réseau, ma tribu, mes filles… Mes parents aussi. Mon père, l’artiste. Ma mère, l’humaniste. J’ai pris le meilleur des deux, je pense bien. Je ne l’ai jamais dit à mes parents, mais je leur ai réservé une place sur le babillard des inspirations dans ma classe. Quand mes élèves me demandent qui sont toutes ces personnes, je leur réponds qu’ils sont l’école; mes parents, les parents engagés de mes élèves, les grands-parents généreux. Vous êtes l’école. Vous faites fleurir les intérêts des enfants, vous m’aidez à éclairer leur voie. Sans vous, je n’y arriverais pas. Vous êtes l’école sociale, lumineuse et colorée comme je l’ai toujours rêvée. 

 

Alors, si vous lisez ces lignes, soyez convaincu que je partage avec vous les fleurs de ce bouquet. Recevez une fleur en signe de gratitude pour votre inspiration, votre générosité, votre écoute, votre engagement pour l’éducation. Pour tout ce que vous m’apporter et que je n’ai pas osé vous dire. 

 

 

 

Une responsabilité ou le pot de fleurs

 

Une reconnaissance de cette envergure me remplie de joie, mais m’angoisse tout autant. Je devrai être à la hauteur de cette confiance accordée. Toujours. 

 

Même si je sais qu’il y aura des jours plus brouillons…

 

C'est probablement l’enfant qui voulait être parfait en moi qui s’exprime. 

 

Je lui parle tout doucement à l’oreille comme je le dis à mes élèves: "Tu n’as pas à être parfait. C’est parfait que tu ne le sois pas d’ailleurs."

 

Alors, je continuerai à faire de mon mieux. Mais à parfois oublier, rêver trop fort, procrastiner sur mes corrections et soupirer sur les manques de services aux élèves.

 

Je ferai assurément des erreurs. Mais je tenterai de me reprendre. Je m’excuserai et je recommencerai. C’est ce que je peux faire de mieux. Montrer que j’apprends encore et toujours. 

 

 

 

À toi le prof qui pense que l’on t’a oublié ou la livraison retardée du fleuriste

 

L’intention de ce billet n’est absolument de me relancer des fleurs. J'en ai plein les cheveux, je nage dans les pétales et effluves parfumées des relents de ce bouquet. J’ai plutôt pensé aux années difficiles en enseignement.  Un épuisement en début de carrière pour moi. Et une année à me remettre en question. Me croirez-vous si je vous dis que c'était il y a à peine deux ans. J’avais écrit un texte libérateur ici

 

Pour ces années difficiles, celles passées et celles à venir, qui sait. Pour tous mes collègues qui ne reçoivent pas de rétroactions, qui se sentent désemparées, je leur donne une fleur. La fleur du courage, de la persévérance, la fleur de la solidarité. 

 

Croyez-moi, on peut refleurir après avoir été piétinée. Et on revient plus fort. Plus vrai aussi. Meilleur assurément. 

 

 

 

Partage, inspire, transforme ou lance les graines dans le vent du changement 

 

Mercredi prochain,  je retournai à Université Laval. Je rencontrerai les étudiants du BÉPEP pour une 3e fois. Je lancerai les graines dans le terreau fertile. Et je leur dirai de souffler ensemble sur le vent du changement. Pour que des prix de cette nature pour l’éducation se multiplient et envahissent l’air pédagogique comme du pollen. Pour étouffer les mauvaises herbes qui paralysent. Pour faire renaitre les pousses qui, à leur tour, fleuriront pour en faire le plus gros bouquet de fleurs du monde.

 

 

Des fleurs pour vous!

 

Merci à Elena, la maman qui a rassemblé toutes les fleurs du bouquet, qui a formulé un hommage à l'éducation, la vraie, la lumineuse. Celle qui fait que l’on progresse collectivement. Je t’en serai éternellement reconnaissante. 

 

Merci à Goran et Thomas pour ce magnifique montage. Thomas, tu as su mettre en lumière l’essence même de la classe. Du travail d’orfèvre après deux heures de tournage à parler différenciation, littératie, numératie,  projets collaboratifs, pédagogie sociale et bien plus. Je salue ton talent, ton écoute, ta sensibilité. Merci mille fois!  

 

 

Bravo aux lauréats inspirants que j’ai rencontrés. La portée sociale de vos réalisations me touche profondément. 

 

"Rien de grand ne s’est fait sans passion." (Hegel). Tiré du site @magirard

 



Le babillard des inspirations parce que ça prend tout un village pour élever un enfant. 

Avec ma mère, l'infirmière humaniste et mon père, le photographe artiste ainsi que tous les parents qui font l'école avec moi. 

La mélodie du bonheur

Ma rencontre avec Marilou à la  radio  étudiante et le talent musical des jeunes du CAHM m’ont inspiré ce billet “musical” post-Clair 2017.

 

 

Voilà maintenant 4 ans que Clair est mon leitmotiv de janvier. Chaque début d’année est le prélude d’un mois riche en partage, en débats sociaux, en découvertes pédagogiques et humaines.

 

 

Cette  symphonie pédagogique a débuté sans fausse note. C’est Anick Sirard qui l’a si parfaitement souligné sur le fil Twitter de #Clair2017: “Quand un colloque en éducation commence par des élèves, tu sais que tu es à la bonne place.”

 

 

D’abord, je tiens à dire merci à Diana, une élève du CAHM,  de nous avoir fait vibrer avec ses créations musicales Beatbox. Tu peux être fière de toi pour cette audace, cette créativité. Je t’aurais écouté encore longtemps. D’ailleurs, je lance l’invitation à te connecter à ma classe pour partager ton talent au-delà des frontières du Nouveau-Brunswick. Ne doute jamais de l’inspiration que tu transmets quand tu fais ce qui te fait briller.

 

 

Et je peux en dire autant de Jérémy, le président du conseil des élèves du CAHM. En s’adressant à 350 adultes issus du monde de l’éducation, tu as prouvé toi aussi que les élèves peuvent être nos meilleurs professeurs. Articulé, confiant, allegro comme disent les Italiens! Un chef d’orchestre au ton tout à fait au diapason avec l’esprit de Clair.

 

 

Et que dire de toutes ces jeunes filles qui sont montées sur scène. Vos  voix qui tracent la voie, des mélopées pour se souvenir de la beauté des textes et des notes de grands compositeurs comme Cohen, des crescendos  pour se rappeler que les collectifs en éducation seront nécessaires, des mélodies pour laisser en trame de fond ce qui compte le plus, vous, les élèves. C’est d’ailleurs le nuage de bulles qui le confirme à chaque année.

 

 

Pas étonnant qu’après ces concerts de notes et de mots que la salle et le fil Twitter passent par toutes les  gammes d’émotions et initient les débats nécessaires pour faire évoluer l’éducation.

 

 

Il n’en fallait pas moins pour lancer le 8e colloque pédagogique à Clair au Centre d’Apprentissage du Haut-Madawaska. Les visites des classes, et en contrepoint, celles du forum des pratiques gagnantes se sont suivies à une belle cadence. Après 4 ans de visite dans ce milieu effervescent, je suis toujours impressionnée de l’apport de la communauté dans cette école, des projets innovants, de l’intégration du numérique au service de la pédagogie ainsi que de l’aisance et de la fierté des élèves. Les choix pédagogiques et la forme de leadership engagé sont visiblement tournés vers la pédagogie sociale, en accord parfait avec les besoins des enfants. Valérie Cadieux a su en faire un tour guidé très complet sur son site

 

 

Et sur ma feuille de notes, ce sont succédé des conférenciers qui ont eu le pouvoir de laisser des airs de réflexion et une séance ignite bien imagée ici sur le blogue de Julie Chandonnet.

 

 

Et quand les mélodies du jour ont laissé place à la musique du soir, à l’unisson nous avons convergé vers Edmundston. L’heure se fait à la fête, mais aussi aux confidences entre profs. J’ai l’oreille absolue  pour ça. Pour accueillir le trop plein. Ne nous mentons pas. La société est en pleine mutation. Pourquoi il en serait autrement de l’éducation? Nos conversations ont donc parfois détonné avec l’énergie de Clair l’instant d’une soirée. Mais Clair, ce sont principalement des gens. Des profs qui retourneront en classe le lundi après un  jam intensif de notes positives. Parfois la réalité mérite que l’on s’arrête ensemble et que l’on écoute. Ces profs qui en sourdine  ont dit combien ils aimaient enseigner, mais combien ils sentaient qu’il manquait quelques ressources aux élèves pour créer des milieux harmonieux. Un simple  bémol à notre système d’éducation, et ce, public/privé confondus. Oui, je sais, vous avez peut-être le goût, à ce moment, d’arrêter la lecture qui vous parait maintenant dissonante. Ok, vous êtes encore là. Alors, pour vous je continue. Et j’écoute, parce que je comprends. Enseigner, c’est palpitant, mais c’est complexe aussi. Et ça ne se fera pas en dehors de la société, des réalités et des débats communs.

 

 

À l’unisson mes amis, d’une même  voix,  c’est possible selon moi. Mais nous aurons besoin de ces moments de “silence” loin des “bruits de la classe” pour réfléchir. Et je ne parle pas de réflexion individuelle, je parle de réunir différents acteurs pour réfléchir  en collectivité. Comme ce que Clair nous offre.

 

 

Alors j’invite les instruments le plus puissants du changement à se mobiliser pour Clair 2018 ou lors de toute autre initiative dans les milieux. J’entends par instruments, les agents de changement et non de conservation comme disait si bien Rosée Morissette: enseignants, directions, conseillers pédagogiques, directeurs des services éducatifs, directeurs, parents, élèves, gens de la communauté et j’en passe! La réflexion sur les rencontres satelittaires a été lancée par Sylvain Desautels et Mario Asselin.  Je vous partage donc le billet de Mario Asselin.

 

 

Deux jours vite passés. Je suis repartie la tête pleine de  mélodies. Dans l’auto, nous avons écouté des reprises de chansons. Même message, nouvel habillage. Et j’ai pensé... Habillons l’éducation de ses plus beaux habits et portons ensemble un message fort, ajoutons sur la partition des notes pleines d’humanité, à l’unisson  les amis, à l’unisson. Parce que l'on a toujours le choix du genre de  musique  que l’on veut  écouter  dans sa tête. Lundi, je choisirai les plus beaux airs pour les chanter à mon tour à mes élèves, les silencieux, les mélodieux, les bruiteurs tout comme les chahuteurs.

 

 

Merci à Roberto Gauvin, les enseignants, le personnel,  les bénévoles et les élèves du  CAHM. Vous êtes un incubateur extraordinaire. Merci à mes amis, mes collègues, ma tribu. Les anciens comme les nouveaux. Vous êtes ma lumière professionnelle. Merci à mes super collègues à l’école Coeur-Vaillant-Campanile qui ont suivi la session ignite à distance, à mes élèves d'amour de me permettre d’être une meilleure prof et une meilleure personne.

 

 

Maintenant, laissez-moi jouer au DJ. Appelez-moi DJ-4! Je sais, ça résonne comme un robot ou un formulaire du gouvernement. Je vous offre donc des tounes qui me font penser à ces moments forts et à vous la gang de crinqués. À vous de bien vous concentrer sur les paroles (sauf pour la dernière). Je prendrai même les demandes spéciales dans vos commentaires. Êtes-vous game? Musique!!!!

 

 

 


Je te donne Jean-Jacques et Michael Jones

LA chanson qui représente le plus ce Clair 2017 pour moi

Je l'ai choisie en pensant à ma team de ignite: Carl, Pierre, Jocelyn, Sylvain, Julie, Brigitte et Andrée. Vous êtes si inspirants! 


4488 de l'Amour Les Soeurs Boulay 

Parce que ça me fait penser au ignite avec ma soeur pédagogique Julie


 Human The Killers

Pour Julie pour lui faire oublier qu'elle vient d'écouter Les Soeurs Boulay


Mille après mille Willie Lamothe, revisité par Fred Pellerin (parce que que je sais que mon amie Karine Godin-Tremblay aimera)

Pour le bon temps passé à chanter avec la gang de musiciens généreux


Help The Beatles

Pour les enseignants qui le crient tout haut ou en silence


Enjoy The Silence Depeche Mode

En lien avec ce que M. Guillem nous a partagé 

Et pour mon amie Natalie Laroche


Down To Earth Peter Gabriel 

Pour m'aider à revenir sur Terre après ce périple à Clair

Je la dédie à Sylvain Bérubé qui a s'est joint à nous en tant que robot télé-présence et qui a gentiment corrigé ce billet


Tout le monde en même temps de Louis-Jean Cormier

"À l'unisson les amis, d'une même voix..."


Une toune cachée (pour rire)...

Pour Jocelyn Dagenais




La créativité pour transformer les pratiques en éducation

Par Catherine Lapointe

 La créativité pour évoluer en collectivité (extrait du mémoire en éducation rédigé en collaboration avec Monique Lachance et Julie Chamberland)

Force est de constater que le développement de la créativité, qui doit être interprétée comme toute solution originale à un problème ou comme un mode d’expression et non seulement comme une compétence artistique, devient aussi important que de savoir lire et écrire si on veut évoluer dans une société capable de progresser. Voilà pourquoi le fait de laisser de la place au pouvoir créatif des enfants devrait être une priorité dans nos écoles. 

 

La structure actuelle de nos écoles amène trop souvent les enseignants à ne jouer qu’un rôle de techniciens en éducation quand ils devraient essentiellement être des artistes. Leur créativité devrait primer à l’école pour faire de la classe un milieu de vie flexible et perméable aux solutions créatives face aux problèmes de la vie quotidienne. La pédagogie serait ainsi mise en lumière par des pédagogues capables de créer des situations d’apprentissage uniques, adaptées aux besoins de leurs élèves et en complicité avec le milieu de vie. La pédagogie par la résolution de problèmes, comme la recherche-action créative en lien avec des problèmes authentiques, en est un bon exemple. On le voit dans bon nombre de milieux, cette démarche créative des élèves et des enseignants devient exponentielle lorsqu’elle est ouverte à toute la collectivité, soit par les réseaux ou par l’appel concret à la communauté (parents experts). L’ouverture des classes sur la communauté multiplie les interactions créatives et fait naitre des initiatives signifiantes qui répondent à des besoins sociaux concrets. Cette démarche pédagogique donne la possibilité de développer les compétences du 21e siècle qui permettront aux élèves d’acquérir des réflexes de citoyens responsables : “lorsqu’on propose des défis scolaires stimulants, amusants et signifiants, les élèves sont motivés à accomplir une tâche dans le plaisir. Les enfants et adolescents sont profondément liés à la dimension hédoniste et émotive de l’apprentissage. Conséquemment, il est faux de prétendre qu’apprendre doit nécessairement être douloureux et ennuyant. Le pari contraire est à envisager : ludifier l’apprentissage et valoriser l’expérimentation est possible, voire nécessaire, car le jeu est lui-même porteur de leçons en termes de collaboration, de communication, d’organisation et de rétroaction.” (Tiré du Manifeste pour une pédagogie renouvelée,  active et contemporaine http://www.pedagogieactive.com)

 

Pour valoriser cette créativité, il faut décloisonner la classe et prendre conscience que l’éducation se vit aussi au-delà des frontières physiques du local. Il existe maintes façons d’apprendre et il y a lieu de considérer que l’apprentissage trouve sa pertinence, bien souvent, dans la relation éducative que les acteurs en milieu scolaire entretiennent à l’externe. Il faut offrir la possibilité aux élèves de témoigner autrement de leur compréhension, sans toutefois perdre de vue les impératifs prescrits dans les programmes. Pour favoriser l’émergence du processus créatif, les enseignants doivent laisser les élèves les surprendre, leur faire confiance, accepter une certaine dose d’inconnu, voire d’inconfort, et être moins directifs.

 

Un exemple de processus créatif, actif, motivant et ancré dans la réalité est l’exploitation à des fins pédagogiques des innombrables applications du Web 2.0, dites « sociales », qui incluent des aspects de communication bidirectionnelle entre la personne qui publie et celles qui consultent les productions (texte, vidéo, son, image, animation, etc.). Par les échanges et la rétroaction qui s’ensuivent, un espace de motivation intrinsèque se construit, lequel génère des apprentissages signifiants et un sentiment d’accomplissement.

 

Recommandations

  • Réserver un budget pour des livres de qualité, du matériel de manipulation, des temps de libération pour des formations et des partages pédagogiques adaptés et évolutifs des enseignants en littératie et numéraire ainsi qu’un budget pour la traduction d'ouvrages pertinents pour accompagner les pratiques gagnantes en classe.

 

  • La créativité individuelle des élèves doit être encouragée par tous les enseignants. La créativité des enseignants doit avoir sa place comme modèle dans une classe. Et la créativité sociale doit avoir une porte d’entrée dans toutes les classes pour créer collectivement.

 

  • Le fait d’être créatif a une grande influence sur les choix et les approches pédagogiques. Cette liste, sans être exhaustive, donne une idée des possibilités :

 

Le fait d’être créatif a une grande influence sur les choix et les approches pédagogiques. Pour n’en nommer que quelques-uns :

 

 

Les papillons de feu

M. Réjean Bergeron, je me permets de réagir à votre article ": Prométhée enchaîné et le « métier » d’enseignant.
Il est vrai qu'il faut utiliser notre jugement critique, et ce, dans l'ensemble de nos choix pédagogiques. Mais pour faire un choix éclairé il faut bien connaître le sujet, connaître les impacts notamment. Intégrer les TIC dans une salle de classe c'est comme passer à travers les différents stades du papillon. Lorsqu'on est prêt à voler, on met en lumière la Pédagogie avec un grand P. On ouvre la classe au monde extérieur, on fait entrer les familles, on permet aux élèves de collaborer avec d'autres élèves, d'autres enseignants, des parents, des gens de la communauté inspirants, des humains finalement!  Les connaissances se trouvent alors enrichies par toutes ces interactions et ces partages. C'est l'émergence de leur propre sens critique face au monde. Est-ce que c'est de cette technologie dont vous faites référence dans votre article?
Les enseignants que je côtoie sur les réseaux sont des passionnés d’une rare générosité. Ils se rassemblent pour améliorer cet art qu’est enseigner.  Ils ont le coeur à la bonne place et développent ensemble des approches humanisantes. 
 
Ma classe n’a jamais été aussi humanisée, non seulement par moi mais aussi par toute une communauté. Interrogez n’importe quel parent de ma classe et il vous le confirmera avec certitude et gratitude.
 
Le progrès ne repose pas sur les outils mais la façon dont on les utilise.  Enseigner est un art qui me passionne. Le lien qui m’unit à mes élèves est fort et perdure dans le temps. J’utilise des outils de partage qui créent une identité dans notre groupe.

Les technologies deviennent principalement un outil pour les élèves en difficultés. Ces moyens sont maintenant utilisés pour les étudiants à l’université. Vous êtes professeur au Cégep donc je ne vous apprends rien. Alors, on ne parle pas ici de technologie comme gadget, on parle d’outils d’aide et de moyens numériques pour coopérer.

Je côtoie tous les jours des enseignants pédagonumériques qui transmettent le feu à leurs élèves comme vous dites. Leurs élèves écrivent des textes d’une grande qualité et partagent des lectures avec bonheur. Ils développent avec créativité des énigmes mathématiques et sont fiers de savoir que leurs parents et même leurs grands-parents viennent de laisser un commentaire sur leur dernière recherche. Ces enseignants permettent à leurs élèves de développer leur ouverture d'esprit afin que plus tard ils ne perçoivent pas les questions de société de manière unidimensionnelle .

Mais j’avoue que j’aime lire les différents points de vue sur ce sujet. Ça me permet de comprendre pourquoi les gens ont peur des technologies en éducation. 
 
Je sais avec conviction que la plupart des bons pédagogues utilisent le numérique pour créer des ponts de lumière, éclairer les enfants et leur désir d’apprendre ensemble. Je vais donc continuer à défendre l’aspect pédagogie dans l’utilisation du numérique en classe. Lorsque j’aurai une voix publique pour le faire comme vous avez la chance d’avoir M. Bergeron, j’aurais des centaines d’exemples pour appuyer les impacts humanisants du numérique en classe. En attendant, je continue de les vivre avec ce qui me tient le plus à coeur, mes élèves.