Lettre à ma fille

Retour sur l'expérience de #Clair2018

 

 

Ma belle petite bouclée,
 
Tu es née à la bonne époque. Les esprits libres comme toi sont sauvés par une école en transformation positive. Tu sais, je reviens de vivre deux jours dans la grande maison des passions. Je n’étais pas dans un musée, ni dans une bibliothèque ou dans un stade de sport, encore moins dans une serre, un auditorium de spectacles ou dans une salle de presse. C’était tout ça à la fois. Un grand laboratoire humain où l’on grandit ensemble. J’ai arpenté les corridors et les classes avec le même émerveillement et la foi en l’école humaniste qu’à ma première visite en 2011. En parlant à des enfants comme toi, allumés, passionnés, une question a émergé. Une GRANDE question. Une question de GRANDS. C’est quoi le succès, la réussite?
 
Tu dois te demander pourquoi je t’écris uniquement à toi et non pas aussi à ta soeur. Depuis trois ans, tu fréquentes l’école et les réussites sont le fruit de beaucoup d’efforts pour toi. Je sais parfaitement comment tu te sens, quels sont tes réflexions et tes doutes. J’étais cette petite fille au primaire.  J’ai passé à deux cheveux d’avoir mon permis d’astronaute à force d’être dans la lune. J’avais mille projets en tête, éparpillés dans un joyeux fouillis. J’ai peu de souvenir de mon passage à la petite école, à part la fois où j’ai été la dernière choisie dans l’équipe de ballon chasseur, que ma prof de 2e m’a consolée parce qu’une fille avait dit que j’étais amoureuse de Vincent et la fois où Vincent a aimé mes Adidas blancs que j’avais redécorés de graffitis de Def Leppard. J’avais mille passions, mais aucune occasion pour les développer et montrer qui j’étais réellement. Pas juste la dernière dans le rang, la petite émotive qui pleure souvent ou qui n’a pas compris l’explication unique. Et j’ai fini par croire que je réussisais peu. C’était faux, je réussisais dans des trucs qui ne se vivaient pas à l’école. La pente de l’estime fut longue. Et je t’avoue que je dois rechausser mes bottes pour remonter des sentiers parfois encore. Certains en ont été témoins à Clair quand Simon Lavallée a sorti ses cartes de maths et a lancé le défi du calcul mental. J’ai eu chaud. Je me jugeais probablement trop sévèrement. Je ne me donnais pas droit à l’erreur. Première erreur… Pire qu’une erreur de calcul.
 
Alors c’est quoi le succès? Un jour, j’ai trouvé un sac rempli de cartons, de pots et de bebelles du bac de recyclage sous ton lit. Tu te souviens? J’ai voulu les jeter, mais tu m’as dit, l’air très sérieux: «Tu ne peux pas jeter ça maman, j’en ai besoin. C’est pour des projets. Je suis née pour faire des projets!» Ce sont tes mots. C’est comme de la musique à mes oreilles. Mon souhait le plus cher pour toi, ce n’est pas que tu performes dans tes examens. Fais de ton mieux, ma grande. Sois ouverte, curieuse, écoute autour de toi, aide tes amis, avance à ton rythme, célèbre tes améliorations, tiens-toi loin de la perfection, sois douce avec toi-même, dompte tes émotions, ne les supprime pas. Surtout, accroche-toi à tes passions, continue de rêver, d’inventer, de sortir des sentier battus même si ça dérange, de te nourrir de beauté, de vivre des expériences et de choisir ce qui te fait du bien. Tu n’es pas obligée d’être comme les autres. Tu n’es pas les autres. Et surtout, tu n’es pas une note. Tu vaux bien plus que des chiffres. Assume tes différences, ton intelligence créative et sens-toi libre de t’exprimer, de créer avec les autres et de t’amuser. Marius (lui, c’est comme le Yoda de la pédagogie, mais en plus jeune) l’a si bien dit: «le succès, c’est de trouver sa voie, atteindre le plein potentiel et contribuer au monde». Alors c'est ce que je souhaite à ta soeur et à toi.
 
Oui, tu es née à la bonne époque. Tu as déjà rencontré trois enseignantes bienveillantes dans ton parcours scolaire. Madame Danièle, Madame Nancy et Madame Émilie ont déjà contribué en te faisant vivre des expériences scolaires et humaines positives en adaptant leur enseignement à tes besoins, aux besoins des autres aussi. Sans le savoir, elles ont aussi contribué à rassurer la petite fille que j’étais. Je suis née moi aussi à la bonne époque. L’époque des changements. Du mouvement des possibles et de la communauté des bâtisseurs de projets, comme toi ma belle bouclée.
 
Maman (Amour ∞)
 

Merci de m'avoir accueillie dans la maison du monde à Clair qui permet à chaque enfant de vivre des réussites. C'est immense!  Grâce à vous tous,  j'évolue comme pédagogue et...  maman et humaine.

 

Je t'invite à lire ce roman:

Chagrin d'école de Daniel PENNAC est un essai mâtiné d'autobiographie sur le parcours psychologique d'un cancre dans le système scolaire, en plus de plusieurs réflexions et anecdotes sur le propre parcours de l'auteur qui était lui-même un très mauvais élève. Il décrit l'importance du regard du professeur sur l'élève, l'impact sur les domaines qu'un individu va développer ou au contraire abandonner. Les verbatims illustrent fréquemment les effets apparemment inoffensifs du vocabulaire utilisé par les parents, les éducateurs ; les petites phrases de sa mère qui montrent le regard porté sur son fils, notamment lorsqu'elle l'interroge sur sa capacité à réussir dans la vie, alors que Daniel est devenu un personnage important de l'éducation. Ce livre présente également le constat d'un écart entre deux mondes : celui des élèves et celui des professeurs, qui pour l'auteur est un choc entre l'ignorance et la connaissance. Il nous donne une idée de ce qu'était Pennac durant son enfance. Ce livre ne raconte pas une histoire, c'est un enchainement de souvenirs et de réflexions sur le cancre qu'il était, mais aussi sur ce qu'il est devenu, et comment il y est parvenu.

SOURCE: https://fr.wikipedia.org/wiki/Chagrin_d%27école

 

Je t'invite à regarder et à méditer ceci:

SOURCE: Zoothérapie de Catherine Lepage

 

"Il a plus de COURAGE que de talent dans la plupart des réussites." Félix Leclerc

Je t'invite à écoute ceci: